ORIGINE
Photo de Ph. Joriot issue
du livre
Le chien tibétain de Simonne
Chavin-Daroux
Malgré
quelques opinions légèrement divergentes, toutes les
sources que j'ai pu glaner sur les origines du Shih
Tzu nous ramènent à la cour impériale de Chine où
le Shih Tzu Kou ( « chien lion tibétain » ) a dû
voir le jour.
Les Chinois l'ont ainsi baptisé, Ã
cause de la couleur dorée du Lion emblématique du
Tibet. Son nom fut ensuite modifié, il a perdu le « kou » (chien) pour n'être plus que le Shih Tzu (lion
tibétain) toujours selon l'image supposée du lion,
le destrier symbolique du Bouddha.
À
la fin des années vingt, lorsque différentes
personnes rattachées à l'armée ou aux services
diplomatiques, basées en Extrême-Orient décidèrent
de chercher et de rapporter vers le monde occidental
de beaux petits chiens lions tibétains.
Ce fut une tâche
difficile que de trouver des sujets vraiment bons et
il était douteux qu'ils reproduisent dans le type
d'origine. En
Chine, par exemple, il n’existait pas de système
central d'enregistrement pour les chiens de race, et
à vrai dire, peu avaient un pedigree.
Les chiens étaient
illustrés sur des rouleaux de parchemin enluminés
par les Chinois pour servir de modèles et l'élevage
avait pour but de reproduire les couleurs recherchées
et les taches symboliques, plutôt que de préserver
la continuité des lignées.
Selon les dires d'un
ancien ministre tibétain, Ko Sho Chang Pa, le type
Shih Tzu descendrait d'un lointain ancêtre du Lhassa
Apso actuel.
Ces chiens étaient la propriété
personnelle du Dalaï Lama et on les trouvait dans les
temples de Lhassa où ils étaient des chiens sacrés
participant à différents rites religieux. En 1650,
trois de ces chiens furent envoyés à l'empereur de
Chine comme cadeau, un trio dont descendrait notre Shih Tzu.
Voyageant de Lhassa à Pékin, les petits
chiens devaient alors parcourir 3000 miles depuis le
haut plateau de Lhassa, jusqu'aux plaines poussiéreuses
de la Chine, traversant des contrées sauvages et
montagneuses avec les caravanes d'animaux de bât,
marchant parfois à côté, parfois portés dans les
paniers attachés aux flancs des animaux.
Le voyage
pouvait durer jusqu'à dix mois et les chiots nés en
route étaient tenus au chaud dans les poches des
robes des Tibétains.
Photo
de Ph. Joriot issue du livre
Le chien tibétain de Simonne
Chavin-Daroux
À
la cour de Chine, l'impératrice douairière Tsu Hsi
reçut à nouveau du Dalaï Lama quelques Lhassa Apsos
hirsutes. Cynophile avant l'heure et éleveuse avisée
de Pékinois, l'impératrice contrôlait son élevage
de façon rigoureuse, séparant les deux races et
s'intéressant particulièrement à la chaude couleur
dorée « miel impérial » qu'elle appréciait tout
particulièrement.
Une ligne blanche ou bande partant
du stop, remontant jusqu'au sommet du crâne, était
considérée comme la marque de Bouddha.
En
1908, après un règne de 64 ans, avec la mort de Tsu Hsi (Vieux Bouddha, comme on l'appelait), prit fin la
pratique qui consistait à envoyer des Chiens Lions du
Tibet comme tribut aux empereurs de Chine.
Les
eunuques du Palais Impérial continuèrent l'élevage,
mais d'une manière moins stricte et c'est à ce
moment-là que les croisements furent expérimentés. Il
en résulta une divergence dans le type, la structure
et la taille.
La base de la race Shih Tzu émane donc
très probablement de ces Apsos tibétains croisés
avec les Pékinois. En conclusion, notre Shih Tzu est
bel et bien sino-tibétain.
Avant
l'invasion du sud Vietnam par le Nord, les Shih Tzu étaient
très connus dans toute la région de Saïgon. Les
Vietnamiens, ainsi que les Chinois, appréciaient
surtout les noirs et blancs, portant une mèche
blanche I sur le front et ayant les bouts des quatre
pattes blancs, car pour eux, ayant «
le front et les pieds dans la neige », ils étaient
symbole de bonheur.
VH.F.
Colliert, écrit dans son fameux livre « Chiens de
Chine et du Japon dans la Nature et les Arts » :
Occasionnellement,
les Chinois croisaient le Chien Lion avec le Carlin et
le Pékinois. Il semblerait que beaucoup des chiens
offerts à l'empereur
(
ou l'impératrice) étaient issus de tels
croisements.
Sur la fin de la dynastie Mandchoue, il y
avait des centaines de chiens au Palais Impérial
quelques-uns seulement jouissaient des faveurs impériales,
les autres étaient élevés par les eunuques… La
distinction apparaissait surtout dans la couleur et la
longueur du pelage... Les eunuques étaient
extrêmement ingénieux à manier le type pour plaire
à leurs maîtres royaux.
En
1923, le Kennel Club chinois fut formé à Shangaï.
Il classa ces petits chiens comme « Lhassa
Terrier ». Ensuite, le Kennel club de Pékin fut
créé et programma des classes pour les « Lhassa
Lions Dogs » dans ses expositions.
Les Shih Tzu
étaient exposés dans des classes divisées en deux
catégories : au-dessus et au-dessous de douze
livres.
Introduction
en Occident
D'après
Mrs Widdrington, grande éleveuse britannique (affixe
Lhakang) et juge de la race Outre-Manche, tous les
Shih Tzu de par le monde descendent de seulement
treize lignées de base: douze qui sont venues de
Chine entre 1930 et 1950, et un croisement avec un Pékinois
qui fut introduit dans le cheptel anglais en 1952.
Après,
il n'a plus été possible d'importer de nouveaux
sujets de Chine. De ces douze lignées, onze sont donc
originaires de Chine (huit directement, deux via la
Scandinavie, une via le Canada, plus le croisement de
Pékinois). Ce sont là , les débuts anglais.
Donc,
le pôle génétique des Shih Tzu est singulièrement
peu important et nous ignorons jusqu'Ã quel point les
premières importations chinoises étaient ou non déjÃ
apparentées entre elles, car on disait qu'à Pékin
les sujets étaient très consanguins, en particulier
ceux du Palais Impérial.
Neuf des douze lignées
mentionnées ci-dessus furent importées dans les Îles
Britanniques et trois en Norvège.
À
la fin des années trente, bien plus de cent Shih Tzu
avaient été enregistrés par le Kennel Club
britannique, mais l'année suivante, après le début
de la seconde guerre mondiale, les enregistrements se
réduisirent à une quantité minimum.
Photo issue du site :
www.meschiens.com/neige
Les
Shih Tzu ont apporté leur propre contribution à la
guerre, les poils tombés étaient collectés, puis
filés pour faire de la laine à tricoter et
confectionner de superbes vêtements épais semblables
à du mohair.
Soixante ans se sont écoulés depuis
que les premiers chiens furent introduits en Occident
et la race a proliféré à l'échelon mondial.
De
nos jours, des échanges de sujets d'un pays Ã
l'autre n'apportent plus rien de nouveau, ce n'est
plus qu'un réagencement de gènes existants; mais
cela peut se révéler bénéfique et apporter une
qualité supplémentaire lorsque des lignées n'ont
pas été croisées depuis un certain laps de temps.
Les
premiers chiens importés au Royaume-Uni avaient des
pattes courtes, une tête large, de petits chiens
robustes d'environ 12 Ã 141ivres, dont la taille
avait tendance à augmenter.
Ceux importés de Chine
en Scandinavie avaient un poids plus léger, avec une
tendance à devenir encore plus petits, probablement
à cause de la forte consanguinité.
Ils étaient d'un
type très différent de celui des chiens moyens
anglais.
Un
standard du Kennel Club britannique, qui patronne la
race, fut rédigé en 1934, basé sur les premières
importations au Royaume-Uni. Il fut remodelé, puis
adopté dans le monde entier, bien qu'il ne
corresponde pas toujours au type du chien rencontré
dans d'autres pays.
Les
types et les tailles de Shih Tzu varient maintenant de
par le monde et des points de vue différents sont
maintenus quant à son apparence correcte et ses
caractéristiques dont nous reparlerons dans ce livre.
Aux
USA, où le Shih Tzu a été reconnu officiellement
par le Kennel Club Américain depuis seulement vingt
ans, cette race à la mode s'accroît trop rapidement
pour son propre bien. Une montée en flèche est
toujours un danger pour une race.
Il
y a une trentaine d'années, les différences de
tailles entretenant déjà les conversations, un
groupe de propriétaires de Shih Tzu d'Outre-Manche,
a, sans succès, tenté d'obtenir que la race soit
divisée en deux tailles, plus et moins de 12 livres.
En pratique, cela aurait pu être un pas à franchir dès
que la race Shih Tzu aurait été numériquement assez
forte.
Certains
éleveurs suédois ont déjà montré l'exemple en
pratiquant un judicieux mélange de sangs scandinave
et britannique pour produire les plus beaux chiens
typiques de taille moyenne du monde entier.
Introduction
en France
Une
fois n'est pas coutume, c'est une Française qui est,
entre autres, Ã l'origine de l'introduction du Shih
Tzu dans le monde occidental, essai, hélas non
concluant!
En effet, la Comtesse d'Anjou, dont l'époux
était en poste à Pékin, réussit à ramener les
premiers Shih Tzu (qui furent inscrits au L.O.F.) grâce
à l'aide d'une amie chinoise, dame d'honneur de l'impératrice
Tseu-Hi, la Princesse Der-Ling, laquelle avait une
grande connaissance de la race.
La Comtesse établit même
le premier standard français, très succinct, approuvé
par l'Ambassadeur de France et du Paraguay, lequel
ayant passé plusieurs années en Chine, avait possédé
plusieurs « Tibetan Hon Dogs » et les avait même
jugés au Dog Show de Pékin.
Malheureusement, un
concours de circonstances ne permit pas alors à la
Comtesse de développer la race en France.
Rencontre
avec la Comtesse d'Anjou
C'était
dans le début des années cinquante, Madame Naudet,
éleveuse bien connue de Bichons Frisés (affIXe Roi
des Lutins) fit la connaissance de la Comtesse
d'Anjou, tout à fait par hasard. Elle se reposait sur
la côte d'Azur à Juan-Ies-Pins.
Au cours d'une de
ses fréquentes promenades avec son Bichon favori, qui
ne la quittait guère, elle remarqua au portail d'une
belle propriété, quelques petits chiens singuliers
qui aboyaient après son Bichon.
Cynophile intriguée,
Mme Naudet s'avança pour mieux voir, lorsqu'une
gouvernante, alertée par les aboiements s'approcha;
cette dernière répondit fort aimablement aux
questions posées, à savoir qu'il s'agissait de Shih
Tzu.
Survint alors la propriétaire, la Comtesse
d'Anjou, qui eut une longue conversation avec Mme Naudet concernant la race si peu connue et sur les
origines de ses chiens venant de Chine et en majorité
d'Angleterre.
Le
hasard (encore... !) de cette rencontre décida Mme
Naudet, séduite par ces chiens, à élever par la
suite quelques portées de Shih Tzu d'origines
anglaises dont elle a cessé l'élevage aujourd'hui,
en restant malgré tout fidèle à la race.
Photo issue de l'élevage
des Poupons Frisés :
members.aol.com/chien68140
Les
Shih Tzu d'aujourd'hui
A l'aube de l'an 2000, après une cinquantaine d'années
d'implantation en Occident et une bonne décennie de
succès en France, la race semble se stabiliser Ã
2300 naissances inscrites au L.O.F. par an. Dois-je
dire « tant mieux»?
Les Shih Tzu d'aujourd'hui ont
à pâtir de leur mode, phénomène qui entraîne inévitablement
une certaine dérive, qu'il est grand temps de
redresser, Parmi les défauts les plus fréquemment
rencontrés, l'un des points les plus choquants chez
un Shih Tzu se remarque à l’œil bien trop proéminent
entouré de blanc.
Tout au contraire, ce chien doit
avoir un oeil superbe, bien rond, sans aucune lunule
blanche apparente, ce qui lui donne en pareil cas, un
regard effrayé au lieu d'être charmeur.
Si le prognathisme raisonnable est nécessaire à l'obtention d'un bon
menton, on remarque trop souvent des dentures incomplètes, surtout mal
alignées et même des mâchoires déviées, accompagnées d'une langue visible
bouche fermée.
Ceci devient grave. Les nez
pincés peuvent entraîner de sérieux problèmes de
santé, Tout au contraire, le standard précise: narines
largement ouvertes pour que le chien respire !
Mais
on rencontre surtout des têtes bien trop étroites
sur des corps insuffisamment charpentés, l'inverse de
ce que préconise le standard de la race, avec des
tailles beaucoup trop petites, tournant autour de 19
à 20 cm au garrot ce qui entraîne une perte de type,
une modification morphologique et d'expression,
notamment au niveau du placement des yeux.
Si, sur un
plan pratique, certains acheteurs réclament le
nanisme (qui fragilise !) , le standard donne des
tailles très précises à respecter pour la santé,
l'esthétique et l'avenir de la race, Un énorme
travail en perspective pour les éleveurs français
qui ont la passion du Shih Tzu, mais ceci est bien
connu, les vrais passionnés sont des battants!
Le
«vrai»
Shih
Tzu
Selon des rumeurs tenaces, il
existerait bel et bien deux types de Shih Tzu :
l'Anglais et l'Américain.
J'aimerais
rétablir la vérité :
Ã
l'origine, deux sources ont permis les importations
orientales, la Chine et le Sud Vietnam pour
l'Angleterre d'abord avec des sujets plus solides, et
plus tard, le Palais Impérial de Pékin pour Mrs
Kauffman en Scandinavie, avec des chiens plus légers,
plus hauts sur pattes, donc plus élégants.
Partant
de là , les Américains ont croisé les deux types
pour conserver la solidité de l'ossature anglaise de
base et obtenir des encolures plus dégagées et des
fourrures plus plates, sur un corps plus léger.
À ce
jour, ils privilégient avant tout le spectaculaire,
tandis que les Anglais ont toujours préféré le
naturel.
Le meilleur résultat obtenu demeure à coup sûr le mélange
des deux types pour aboutir au standard de race et
c'est ce résultat qui permet d'affirmer qu'il
n'existe en fait qu'un seul type, celui du standard de
la race.
En conclusion, il faut cependant reconnaître que
l'apport de sang américain, à ce jour, aura permis
d'obtenir de meilleures constructions, une superbe
encolure (parfois trop. . . !) contrebalançant une
queue haute et des pattes solides pour la propulsion.
Pour
évoquer une image, disons qu'un Shih Tzu, c’est une
tête comme une pleine lune sur un corps en tuyau de
poêle.