ORIGINES
Origine
du nom
Lhassa
:
reste unanimement la capitale du Tibet, bien
qu'envahie par la Chine depuis 1950.
Apso : différentes
explications seraient avancées. La plus courante dont
la version de Mrs Bailey (l'une des premières propriétaires
de la race Outre-Manche) dans la Kennel
Gazette de 1934, Apso viendrait du poil dur de R'Apso,
nom d'une chèvre tibétaine d'où l'expression qui
caractérise le Lhassa: avoir du poil de chèvre, donc
très rêche.
Autres versions: certains
pensent que ce serait une forme de Apso,
qui signifie «sentinelle
aboyante» D'après un
article paru dans Our Dogsanglais en 1953, rédigé par
M Brian Vesey-Fitzgeralg,
Apso servirait à désigner les « chiens des temples
»o À signaler pour finir qu'au Tibet, ce petit chien
est aussi appelé Seng Kyi qui signifie « chien »
Origine de la race
Entre le IXXet le XX siècle,
lors de son arrivée en Europe, ce petit Lhassa «
chien lion » a porté bien des noms, depuis celui de
« terrier de Lhassa » plus souvent utilisé à l' époque,
jusqu'à celui de « chien chrysanthème » passant
par « chien sentinelle », « chien mandchou »... et
j'en passe. Le Colonel Duncan, le premier
Apso introduit en Grande- Bretagne dès 1854.
L'honorable Mrs Mc Laren-Morrisson, mariée à un
officier l'Armée des Indes, y était propriétaire de
quelques petits chiens à poils longs, dès le début
du siècle, époque où les tout premiers spécimens
sont donc apparus.
M. Dury ajoute
en 1903 : deux types distincts de Lhassa
existent, l'un ressemble au Sky Terrier; mais avec la
queue sur le dos, comme c'est de tradition chez les
chiens tibétains " l’autre est plus proche de l'Épagneul japonais.
On peut donc en conclure
que trois races de petits chiens tibétains étaient
alors représentées Outre-Manche sous le nom de «Terrier
de Lhassa» : le Terrier actuel de 35
cm, l'Épagneul actuel
proche du Japonais, l'Apso actuel décrit
par Mr Jacob.
Avec
le recul, il semble bien que le sang de l'Épagneul et
du Terrier puisse couler dans celui du Lhassa, puisque
les moines tibétains n'ont jamais fait une sélection
rigoureuse, d'où les possibilités de croisements.
Introduction en
Occident
En Grande-
Bretagne, vers les années 1920, deux
moyens d'importation s'offraient aux amateurs de la
race voyageant en Orient: soit passer en fraude un
Apso, soit, le plus fréquemment, gagner la confiance
d'un Tibétain qui parfois acceptait de confier l'un
de ses chiens à des maîtres offrant toutes garanties
de bonté. Au début du siècle, « des chiens
robustes, musclés, gais, autoritaires avec un fin
sens de l'humour » apparaissaient de temps en temps
en Angleterre. Quelques-uns furent importés du Tibet
lors de l'expédition « Younghusband» de 1904, Ã
laquelle participait le Colonel Bailey. Ils furent
admis comme Lhassa de Terrier et sous ce nom, furent
inscrits au Kennel Club et eurent leur statut qui fut
changé plus tard. C'est ainsi, sous forme de cadeaux
que les premiers spécimens gagnèrent l'Europe, et la
Grande-Bretagne en particulier.
Dans The Kennel Gazette de
1934, Mrs Bailey raconte de quelle façon elle put créer
son propre élevage, le premier de la race
Outre-Manche :
En
1920-1921, le Colonel R.S. Kennedy était à Lhassa
pour un an comme officier médical avec Sir Charles
Bell attaché politique au Tibet. En reconnaissance
pour le traitement de sa femme, le commandant en
chef, Tsarong Shape, voulut offrir au Colonel un
cadeau de grande valeur. Le Colonel refusa mais
accepta deux chiens, qui étaient dorés et de petite
taille. Le mâle fut appelé « Sengtru » et la femelle
« Apso » . Il emmena ces deux chiens aux Indes,
mais en 1922, il quitta son poste et me fit cadeau des
deux chiens. Mon mari était à ce moment détaché
politique au Tibet, ayant pris la succession de Sir
Charles Bell en 1921. Nous visitions le Tibet tous les
ans, emmenant nos deux chiens et nous en cherchions
d'autres possédant les mêmes caractéristiques. En
1924, mon mari passa un mois à Lhassa et, voyant fréquemment
le Dalaï Lama, chercha par l'intermédiaire de sa
Sainteté et de hauts fonctionnaires, d'autres chiens
du même type.
Il
trouva ainsi une femelle nommée « Demon »,
appartenant à un jeune officier tibétain, qui refusa
de s'en sépare mais nous la confia pour la
reproduction. Après avoir eu une portée de Sengtru,
elle fut renvoyée au Tibet, et... perdue en route.
Ce couple de chiens tibétains
appartenait à la race que Mrs Bailey nommait alors «Apso
». Ce mot apparut pour la première fois en Europe
dans le Daily Mail du 15 août 1929. Cette honorable
dame qui disparut le 19 avril 1988 à l'âge de 92
ans, doit rester en mémoire chez tous les amateurs de
chiens tibétains d'Outre-Manche et du monde entier.
En 1934, à la requête du
Kennel Club, le Colonel et Mrs Bailey créèrent une
association de races tibétaines afin de différencier
les quatre races qui furent donc reconnues
officiellement: les Lhassa Apsos (les plus petits 'spécimens),
les Terriers du Tibet (avec des pattes plus hautes et
un nez comme le petit Apso), l'Épagneul du Tibet et
le grand Dogue du Tibet. Plus tard, il devint évident
qu'une association ayant des rapports avec quatre
races aussi différentes devenait difficile à gérer.
En janvier 1957, les propriétaires de Lhassa la quittèrent
pour créer leur propre club. En 1958, "
En 1958 le Kennel Club demanda
que le nom de Lhassa Apso soit changé en Apso tibétain
pour donner plus d’indication sur l’origine de la
race. Le terme « Lhassa Apso »
était déjà utilisé aux Etats-Unis et « Terrier
de Lhassa » en Europe. En 1968, le comité du
club du Lhassa Apso s’adressa au Kennel Club en
demandant la permission de reprendre de Lhassa Apso et
ceci lui fut accordé et prit effectivement effet Ã
partir du premier janvier 1970. Entre temps, le
Colonel R.C. Duncan de la Première Armée
Britannique, qui s'intéressait à toutes les races
tibétaines, vit un jour en photo un Apso vivant au
temple bouddhiste de Boddnath, Ã quelques miles de
Katmandou. À sa demande, le supérieur d'un grand
monastère de Lhassa avait fait un long voyage,
apportant avec lui comme cadeau, la belle chienne
Lhassa Apso Tomu.
Introduction en France
En France, bien qu'il y eût
quelques chiens inscrits au L.O.F. auparavant, c'est
en 1949, seulement, que l'élevage de la race vit
vraiment le jour. Une histoire maintes fois contée
dans la presse canine de notre pays, mais qui mérite
une place d'importance dans ce livre, puisqu'on lui
doit la base de l'élevage français. Lorsque Mlle
Dupont eut en main ce petit chien qui l'avait
totalement séduite, mais dont elle ignorait réellement
la race, elle eut recours aux bons soins de Madame
Nizet de Leemans, grande cynophile et juge de la
S.C.C., qui lui dit: "Mademoiselle, c'est un Apso et
un très bel Apso". Il s'agissait donc de Xeres.
Quelques années plus tard, le Colonel et Mrs Bailey
firent à Mlle Dupont le plus beau des compliments
venant de personnes qui avaient toutes les raisons d'être
« orfèvres en la matière », lorsqu'ils lui dirent
qu'elle avait le plus bel élevage d'Europe. Après avoir pris contact avec
Mrs Cutting aux USA, elle importa sa première femelle
qui fut inscrite n° 1 au LOF sous le nom de « Hamilton
Kangmar », le pilier de nos Lhassa Apso français.
Les
Lhassa Apsos d'aujourd'hui
Il est indéniable que le
type de la race a fortement évolué, contrairement Ã
son standard resté inchangé. Revoyons avec l'aide du
Docteur Lescure les différents points qui se sont
modifiés au cours de ces dix dernières années chez
nous et bien avant dans d'autres pays.
Bien entendu, la plus
importante évolution se remarque dans la taille du
Lhassa. Un certain juge de la race m'a affirmé récemment
que si les premiers Apsos ont été petits, c'est
parce que « seules Mrs Bailey et Lady Frida Valentine
s'étaient entichées de certaines miniatures ».
Selon lui, c'est ainsi que le premier standard aurait
donc été établi en fonction du goût de ces dames.
Or, je suis désolée de le contredire, mais dans les
années 45 à 70, tous les Lhassa venant directement
de leur pays d' origine ou de régions avoisinantes,
tous les documents ou compte rendu de visites dans ces
contrées, tous ces faits se recoupent et nous amènent
très exactement à la taille du premier standard,
toujours actuel, 10 inches, soit 25,4 cm de moyenne au
garrot (une hauteur qui se perd!), pour un maximum de
28 cm.
En grandissant le Lhassa
Apso, les Occidentaux ont totalement modifié le chien
car cette augmentation de taille se répercute non
seulement sur le corps, mais aussi sur la grosseur de
la tête, l'expression du regard, etc. On en arrive Ã
ne plus du tout retrouver le type même de nos chiens
d'origine. D'ailleurs, après les Britanniques, les Américains
font également machine arrière, admettant enfin
qu'il y a eu et qu'il y a encore des abus dans ce
sens. Seule la France, jusqu'à ces dernières années,
avait su conserver la taille moyenne et ce, malgré
les importations de divers élevages étrangers,
prouvant la fixation du type chez nous. Il serait
encore temps de réagir en ce qui concerne l'actuelle
direction que semblent prendre certains éleveurs.
Second point important, la texture du poil. J'en ai
parlé dans le descriptif du Lhassa, il doit avoir un
poil très rêche.
Mais en fait, il apparaît
que le sous-poil fin et laineux, plus ou moins
important et tout à fait admis (lequel a parfois
quelque tendance à feutrer) semble se généraliser
un peu trop sur tout l'ensemble du chien. Si on n'y
prend pas garde, on finira par perdre cette qualité
primordiale, ce fameux poil rêche de couverture si
facile à entretenir. Les nouveaux produits de
toilettage adaptés, qui faussent le naturel, ne
remplaceront jamais l'hérédité de la texture
ancestrale.
Dans la tête du Lhassa,
le type se transforme également. L’emplacement des
yeux n'est plus dans le même axe, l'écartement a changé
modifiant la si belle expression.
Le
nez: « de profil, la face supérieure du nez apparaît
oblique vers le haut, relevant ainsi la portion
terminale de la ligne supérieure du chanfrein. » En
fait, il était -ce pas un reste de l'ancien
croisement « Shih Tzu x Lhassa » ? À présent,
cette pente ne se relève pratiquement jamais sur sa
portion terminale, perdant ainsi le type même de la tête
des premiers chiens.
À
signaler toutefois, que les divers standards souvent
imprécis, ont toujours décrit: « Le chanfrein est
droit », ce qui laisserait donc supposer un relevé
de portion terminale fort discret, lequel accentuerait
néanmoins le type asiatique du Lhassa ou un reste de
celui du Shih Tzu... lors des croisements passés ?
Le cou: certains Apsos
actuels ont des cous exagérément longs, détail apprécié
par certains, sous prétexte que « c'est plus élégant sur un ring». Bien au
contraire, «l'encolure est assez courte et légèrement
arquée» précise encore le Docteur Lescure. Exagération,
là encore.
Couleurs:
il réapparaît des Lhassa couleur chocolat non
confirmables. À brève échéance, certains éleveurs
travaillant uniquement avec des chiens clairs,
risquent d'obtenir des pigmentations défectueuses.
L'introduction du noir est toujours bénéfique en élevage.
À signaler aussi la
disparition des marques noires ou grises typiques aux
extrémités de la barbe, des oreilles et de la queue,
face à une teinte beaucoup trop uniforme et de plus
en plus claire. Ce ton charbonné, plus ou moins marqué
accentuait le type de mandarin de nos Apsos et
comptait également parmi les principales particularités
de la race.
Pour avoir l'assurance de
garder ces marques bien soutenues, le chiot doit naître
avec un masque bien noir. Si ce dernier n'est que
gris, très souvent les marques s'estompent à l'âge
adulte et disparaissent parfois même totalement. Les
aplombs doivent être droits. Combien le sont-ils
vraiment de nos jours, sous les opulentes fourrures ?
Un défaut qui a toujours plus ou moins existé, mais
qui semble en légère régression si on observe tant
soit peu la démarche de certains chiens actuels en
exposition.
En
conclusion
Il serait dangereux
d’adhérer à le tendance d’aujourd’hui qui
entraîne la perte du type, tout simplement pour
suivre la mode des rings d’exposition.
Il ne faut pas que le
Lhassa Apso en arrive à ne plus être qu’un chien
poilu sans relation biologique avec ses origines.
Un important travail
s’impose donc pour retrouver nos si jolis Apsos
d’antan, lesquels, pour contredire certaines
mauvaises langues, ne manquaient pas du tout de
fourrure, même si on les mettait pas en papillotes Ã
l’époque. C’était inutile avec leur poil si dur !