Sujet: Aboiements : une méthode de contrôle non répressive
Les aboiements sont l’expression d’un état émotionnel du chien. Si l’on veut réduire ces manifestations sonores excessives non acceptables par l’entourage mais légitimes pour le chien qui communique, il convient d’utiliser une méthode non répressive qui respectera l’animal et aura un effet durable (cf. article « Nos chiens aboient ») Voici le résumé d’une expérience que j’ai menée sur mon chien pour contrôler des aboiements intempestifs. Il s’agit ici d’aboiements à caractère social, ils sont essentiellement centrés sur le maître pour contrôler et gérer ses déplacements. Il s’agit un cocker adopté à l’âge de 8 ans dans un refuge où il a passé 4 mois, son passé est inconnu. Très rapidement il se manifeste en aboiements dans diverses circonstances : quand je quitte une pièce et qu’il ne peut me suivre, quand je téléphone, lorsqu’il y a des visiteurs, dans le jardin où il se couche et aboie, en me fixant dans les yeux. Ce comportement m’oblige à intervenir pour qu’il cesse d’aboyer, il tente ainsi de réduire mes déplacements et d’en prendre le contrôle. On finit vite par se sentir « séquestré » par son chien ! La méthode La méthode utilisée dans cette expérience est l’isolement. Le chien, animal social, ne retire aucun bénéfice à être isolé de son groupe social. Le but est donc de lui faire faire l’association aboiement = isolement. Cette méthode n’est pas répressive, on ne cherche pas à « empêcher » le comportement mais à le contrôler en proposant systématiquement l’isolement en réponse aux aboiements intempestifs. En libérant le chien quand les aboiements cessent, il doit faire l’association « je cesse d’aboyer, je cesse d’être isolé ». A chaque début de séquence d’aboiement, le chien est pris en laisse et accompagné au lieu d’isolement (salle de bain). J’insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas ici d’une « punition », le chien n’est pas pris au collier ni conduit de façon plus au moins brutale ; il est mis en laisse pour l’accompagner dans la pièce d’isolement, il n’est pas grondé, le maitre reste totalement neutre (ni parole, ni regard vers le chien). Le chien reste isolé tant que les aboiements persistent. Au cours de cette expérience, les informations suivantes ont été notées quotidiennement : nombre de séquences d’aboiement, temps d’aboiement par séquence, événement particulier ou déclencheur. Les résultats L’expérience a été menée sur 40 jours. En fin d’expérience, on constate que le temps d’aboiement diminue de façon significative après 20 jours. Dans la première partie de l’expérience (jours 1 à 20) le temps d’aboiement total est de 491 minutes contre seulement 92 minutes en deuxième partie (jours 21 à 40), soit une diminution de 81,2 % du temps d’aboiements (figure 1).
Figure 1 – Evolution du temps d’aboiements (en minutes) par phase de 10 jours
Le nombre de séquences d’aboiements par jour diminue également de 62 % entre la période 1 (jours 1 à 20) et la période 2 (jours 21 à 40).J’ai également constaté que les temps d’aboiements diminuent sensiblement durant les week-end, alors qu’il serait logique qu’ils soient plus importants puisque les aboiements sont corrélés à la présence du propriétaire. On peut donc penser que le temps de présence plus long en journée de la famille a un effet apaisant sur le chien, et que les absences sont sources de stress. Les résultats montrent également que 90 % des séquences d’aboiements se produisent en 2ème partie de journée (entre 15h et 23h), les fins de journées étant des périodes plus sensibles tant pour les humains que pour les animaux. Conclusion Les résultats de cette expérience montrent que la diminution des aboiements est obtenue de manière progressive, un minimum de 20 jours étant nécessaire pour obtenir des résultats probants. Cette méthode ne permet pas d’obtenir des résultats immédiats comme ceux obtenus avec les méthodes répressives (colliers anti-aboiements, punitions, violence verbale…), mais le stress occasionné est sans commune mesure avec celui entrainé par des mesures répressives. Celles-ci créent un état d’anxiété chez le chien qui peut s’exprimer plus tard par des comportements inadaptés. Le résultat visé est donc obtenu sans stress pour l’animal, ce qui permettra d’obtenir un effet durable dans le temps. La méthode a continué d’être utilisée après la période de 40 jours, et la diminution des aboiements s’est poursuivie progressivement jusqu’à disparition quasi totale du comportement après quelques semaines.
Sylvie Chantre Photos issus de la Galerie Photos de Frenchtoutou |
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