LES  MEDECINES NATURELLES
L'
Homéopathie


L’homéopathie est une méthode thérapeutique – disons plus simplement un art de guérir – dont le principe remonte à plus de deux millénaires, même si le terme lui-même n’est apparu qu’au début de siècle dernier, en 1827 plus précisément.

Les précurseurs

Quatre siècles avant J-C, Hippocrate, le père fondateur de la médecine, définissait deux méthodes théra-peutiques, à ses yeux complé-mentaires : celle des contraires et celle des semblables.

La méthode des contraires consistait  donner au patient un remède qui combattait directement son mal en contrecarrant les réactions de son organisme malade. Le médicament guérissait le malade.

Dans la méthode des semblables, le remède était semblable au mal mais, donné sous très petite dose, il suscitait la réaction de son organisme. D’une certaine façon, le médicament aidait le malade à se guérir par lui-même. Ainsi, Hippocrate avait constaté que l’ellébore blanc, qui provoquait de fortes diarrhées, apportait au contraire une guérison s’il était donné à petite dose.

Très tôt, ses successeurs privilégièrent la médecine des contraires, au point que jusqu’à une époque récente, elle fut considérée comme seule ayant droit de cité.
Il n’est pas interdit de penser que ce choix découlait du fait que, prescrire un médicament contre une atteinte précise, dans une zone du corps limitée, est assez aisé, alors que la médecine des semblables, s’adressant à l’organisme dans sa globalité, exige une connaissance beaucoup plus approfondie de la personnalité et du mode de vie du patient.

Au début du XVIème siècle, Paracelse, médecin et alchimiste suisse, reprit dans son enseignement un certain nombre de données de la médecine des semblables et s’intéressa plus particulièrement au problème du dosage.
Mais son approche était fortement teintée d’ésotérisme.
Il manquait encore à cette science des fondements vraiment rationnels. Ils furent établis par Hahnemann.

Samuel Hahnemann

En 1770, l’empereur François II d’Autriche mourut malgré « l’achar-nement thérapeutique » de ses médecins, utilisateurs forcenés de purges et de saignées. Christian Friedrich Samuel Hahnemann, un médecin allemand né en Saxe en 1755, enragea d’une telle incurie. Ayant perdu foi en son art et ne voulant pas abuser de ses malades, il abandonna son état et, pour survivre, traduisit des ouvrages étrangers de chimie, de botanique et de médecine. Dans l’un d’eux, il nota que le quinquina, remède emprunté aux Incas, était utilisé contre la fièvre mais, en même temps pouvait la provoquer.

Intrigué, il décida d’expérimenter cette drogue sur lui-même. Bientôt, il constata que le quinquina lui donnait de la fièvre quand il était bien portant, et que ce symptôme disparaissait quand il cessait d’en prendre. Inversement, quand il était fiévreux, la plante le guérissait. Il en déduisit une loi, dite loi de similitude (ou loi des semblables) : « Toute substance capable de déterminer chez l’homme sain certaines manifestations est susceptible, chez l’homme malade, de faire disparaître des manifestations analogues. » D’une certaine façon, il reprenait et théorisait les idées avancées par Hippocrate (en l’occurrence, la fièvre guérissait la fièvre).

Si la loi de similitude est une règle sur laquelle repose la médecine homé-opathique, une autre joue un rôle fondamentale : celle de l’infinitésimalité.

Hahnemann, quand il reprit l’exercice de la médecine afin de faire profiter les hommes de ses découvertes, savait par expérience que les remèdes homé-opathiques, administrés à trop fortes doses, pouvaient être dangereux. Aussi s’employa-t-il à en diminuer la masse, soit par trituration (il mélangeait une substance insoluble telle qu’un métal à de la poudre inerte, dans une proportion de 10 p. 100), soit par dilution (dans la même proportion, il mêlait la substance soluble, appelée teinture mère, dans l’alcool).

Ainsi obtint-il la première trituration décimale (1D) et la première dilution centésimale (appelée de nos jour CH : centésimale hahnemannienne)

Puis il eut l’idée de prendre une partie de cette substance ainsi obtenue et de la triturer ou de la diluer une nouvelle fois dans les mêmes proportions. Par exemple, il versait une goutte de cette première dilution centésimale dans un deuxième flacon contenant 99 gouttes d’alcool, l’agitait vigoureusement, et obtenait la deuxième centésimale ou 2CH. Et ainsi de suite jusqu’à la trentième CH. De nos jours, si la machine a remplacé la main du maître, la technique n’a guère changé : on dilue et on agite – on dit que l’on dynamise.

Aidé de ses premiers disciples, Hahnemann perfectionna ses méthodes.
Il tenait un journal concernant ses malades, notait tous les symptômes qu’ils présentaient et les remèdes prescrits. Constatant qu’aucun patient ne réagissait vraiment comme un autre, il écrivit : « Il n’y a pas de maladies, il n’y a que des malades. » Ce regard particulier de l’homéopathie, l’individ-ualisation du patient, était né. Il entraînait la nécessité de l’interroger longuement sur son mode de vie et sa personnalité. S’il eut des disciples, le médecin allemand suscita aussi des haines, en particulier dans le monde médical où certains ne lui pardonnait pas ses vues alors considérées comme trop originales.

Il mourut à Paris en 1843, après y avoir fondé la Société d’homéopathie. De nos jours, partout dans le monde, son art a enfin acquis droit de cité.

Techniques de l'homéopathie

L’homéopathie utilise des substances d’origine minérale, animale ou végétale.

Les remèdes d’origine minérale sont fabriqués à partir d’éléments naturels ou résultant d’une action chimique.  Ainsi, Cuprum (le cuivre), Sulfur (le soufre), Kali carbonicum (le carbonate de calcium), mais aussi Calcarea carbonica (l’écaille d’huître) ou Phosphorus (le phosphore blanc.

Les remèdes d’origine animale utilisent souvent l’animal entier – ainsi Apis, l’abeille, Formica rufa, la fourmi rouge, ou Cantharis, la cantharide. Parfois ils font appel seulement à une partie de son corps – citons Sepia, l’encre de la seiche ou Lachesis, le venin du serpent lachésis. En organothérapie, on utilise certains organes prélevés sur des animaux sains, à l’abattoir, comme le foie, le poumon, les os. Ceux-ci seront administrés dilués et dynamisés mais ne seront prescrit que par le vétérinaire homéopathe, car l’organothérapie est soumise à des règles rigoureuses.

Les remèdes d’origine végétale sont les plus courants. On utilise parfois la plante entière, parfois les fleurs, les racines, les feuilles, les fruits ou l’écorce même ; C’est à partir de la teinture mère que seront préparées les dilutions.

Les isothérapiques sont des remèdes fabriqués à partir de sécrétions prélevées sur le malade lui-même (salive, urine, pus, calculs urinaires…). Ces sécrétions seront diluées et dynamisées dans un laboratoire homéopathique spécialisé et administrées au malade selon des règles très strictes, le vétérinaire homéopathe restant là encore seul juges.

Aujourd’hui, on a élargit l’isothérapie et l’on peut diluer et dynamiser les allergènes, c’est-à-dire les substances responsables des allergies. Ainsi donne-t-on au chien malade des remèdes à base de pollen, de poussière de maison, de moquette ou de peinture.

Les produits homéopathiques sont fabriqués dans des laboratoires modernes selon les processus établis par Hahnemann. Les substances d’origine minérale sont réduites puis triturées sous l’action d’un sucre, le lactose, les substances végétales et animales transformées en teinture mère.

Les dilutions et dynamisations successives sont opérées par des machine selon un processus, là encore, rigoureusement identique à celui que préconisait Hahnemann. Actuellement, on compte approximativement 1200 références et le catalogue ne cesse de s’élargir.

L'homéopathie vétérinaire

Très tôt, Hahnemann avait pensé à appliquer ses théories aux animaux : « Si les lois de la médecine que je reconnais et proclame sont réelles, vraies, seules naturelles, elles devraient trouver leur application chez les animaux aussi bien que chez l’homme », écrivait-il en 1796.

Là encore son vœu a été exaucé, encore que l’homéopathie vétérinaire soit moins entrée dans les mœurs et ne fasse pas l’objet d’un enseignement magistral. L’homéopathie pour les animaux fait généralement appel aux mêmes remèdes que celle pour les humains. Comme cette dernière, elle exige, avant de poser un diagnostic, de bien connaître la personnalité du malade. En l’occurrence, le chien ne pourra répondre à l’interrogatoire nécessaire, mais son maître, lui, apportera les précisions indispensables.

Deux chiens ne se ressemblent jamais. Non seulement il y a de grandes différences entre les races, mais à l’intérieur de celles-ci, voire à l’intérieur d’une même portée, chaque individu réagit de manière spécifique. Les traitements prescrits doivent donc être individualisés.

Les constitutions

En médecine humaine, on a admis la typologie de Dr Vannier, qui distingue trois grands types morphologiques. Dans le domaine vétérinaire, nous sommes quelques uns à avoir utilisé cette classification.

On distingue trois grands types d’animaux :

Les carboniques :
Ils sont solides, bien droits sur leurs pattes, et marchent sobrement, comme conscients de l’effort qu’ils fournissent. Les Bouviers, les Léonberg, les Terre-Neuve ensont les meilleurs représentants. Face à la maladie, ils se défendent bien, mais en vieillissant, ils ne prennent pas assez d’exercice et se trouvent ainsi prédisposés à l’arthrose.
Leur gourmandise les conduit à l’obésité et à toues les maladies qu’on peut attribuer à une alimentation mal équilibrée : diabète, urée, hypertension. Le foie souffre et élimine mal les toxines, les eczémas de toutes sortes s’installent.
Un carbonique, pour vivre mieux, doit donc prendre beaucoup d’exercice et recevoir une alimentation saine et peu encombrante.

Les phosphoriques :
Ils sont élancés, minces, élégants, hyper sensibles.  Qui ne reconnaît là les Lévriers, les Dobermans, les Colleys ?
Ils réagissent mal à la maladie. Atteints de diarrhées, ils se déshydrayent. Au moindre courant d’air, ils répondent par une bronchite.Ces animaux ont besoin d’espace, de lumière, de grand air. Ils doivent bouger, courir, et recevoir une alimentation riche en sels minéraux.

Les fluoriques :
Ils promènent un squelette dissymétrique tenu par des ligaments en caoutchouc. Ainsi leur attitude semble-t-elle déséquilibrée et leur mouvement maladroits. Les Pékinois, les Teckels et les Bulls, et toutes les races naines aux dents mal implantées, aux ligaments si fragiles, aux ongles cassants, en sont les représentants. Ces animaux sont très fragiles et doivent souvent recevoir des apports en vitamines et en oligo-éléments. Tout apport médicamenteux peut être dangereux. Notre rôle est de les aider à bien vieillir, car leur cœur est fragile.

Bien entendu, ces caractères n’ont rien de rigide et souffrent des exceptions. De plus, tous les chiens « sans race » que nous aimons peuvent être carboniques, un peu fluorique, avec un soupçon de phosphorique…

Ce qui importe, c’est de bien définir la morphologie de l’animal, son tempérament, de découvrir ses besoins et ainsi, de l’aider à mieux se défendre. Nous retrouvons là la parole d’Hippocrate : « Il importe de savoir vers quelle maladie tend chaque disposition. "