Les
précurseurs
Quatre
siècles avant J-C, Hippocrate, le père fondateur de la
médecine, définissait deux méthodes théra-peutiques, à ses yeux complé-mentaires : celle des contraires
et celle des semblables.
La
méthode des contraires consistait
donner au patient un remède qui combattait
directement son mal en contrecarrant les réactions de
son organisme malade. Le médicament guérissait le
malade.
Dans
la méthode des semblables, le remède était semblable
au mal mais, donné sous très petite dose, il suscitait
la réaction de son organisme. D’une certaine façon,
le médicament aidait le malade à se guérir par lui-même.
Ainsi, Hippocrate avait constaté que l’ellébore
blanc, qui provoquait de fortes diarrhées, apportait au
contraire une guérison s’il était donné à petite
dose.
Très
tôt, ses successeurs privilégièrent la médecine des
contraires, au point que jusqu’à une époque récente,
elle fut considérée comme seule ayant droit de cité.
Il n’est pas interdit de penser que ce choix découlait
du fait que, prescrire un médicament contre une
atteinte précise, dans une zone du corps limitée, est
assez aisé, alors que la médecine des semblables,
s’adressant à l’organisme dans sa globalité, exige
une connaissance beaucoup plus approfondie de la
personnalité et du mode de vie du patient.
Au
début du XVIème siècle, Paracelse, médecin et
alchimiste suisse, reprit dans son enseignement un
certain nombre de données de la médecine des
semblables et s’intéressa plus particulièrement au
problème du dosage.
Mais son approche était fortement
teintée d’ésotérisme.
Il manquait encore à cette
science des fondements vraiment rationnels. Ils furent
établis par Hahnemann.
Samuel
Hahnemann
En
1770, l’empereur François II d’Autriche mourut
malgré « l’achar-nement thérapeutique »
de ses médecins, utilisateurs forcenés de purges et de
saignées. Christian Friedrich Samuel Hahnemann, un médecin
allemand né en Saxe en 1755, enragea d’une telle
incurie. Ayant perdu foi en son art et ne voulant pas
abuser de ses malades, il abandonna son état et, pour
survivre, traduisit des ouvrages étrangers de chimie,
de botanique et de médecine. Dans l’un d’eux, il
nota que le quinquina, remède emprunté aux Incas, était
utilisé contre la fièvre mais, en même temps pouvait
la provoquer.
Intrigué,
il décida d’expérimenter cette drogue sur lui-même.
Bientôt, il constata que le quinquina lui donnait de la
fièvre quand il était bien portant, et que ce symptôme
disparaissait quand il cessait d’en prendre.
Inversement, quand il était fiévreux, la plante le guérissait.
Il en déduisit une loi, dite loi de similitude (ou loi
des semblables) : « Toute substance capable
de déterminer chez l’homme sain certaines
manifestations est susceptible, chez l’homme malade,
de faire disparaître des manifestations analogues. »
D’une certaine façon, il reprenait et théorisait les
idées avancées par Hippocrate (en l’occurrence, la
fièvre guérissait la fièvre).
Si
la loi de similitude est une règle sur laquelle repose
la médecine homé-opathique, une autre joue un rôle
fondamentale : celle de l’infinitésimalité.
Hahnemann,
quand il reprit l’exercice de la médecine afin de
faire profiter les hommes de ses découvertes, savait
par expérience que les remèdes homé-opathiques,
administrés à trop fortes doses, pouvaient être
dangereux. Aussi s’employa-t-il à en diminuer la
masse, soit par trituration (il mélangeait une
substance insoluble telle qu’un métal à de la poudre
inerte, dans une proportion de 10 p. 100), soit par
dilution (dans la même proportion, il mêlait la
substance soluble, appelée teinture mère, dans
l’alcool).
Ainsi obtint-il la première trituration décimale (1D) et
la première dilution centésimale (appelée de nos jour
CH : centésimale hahnemannienne)
Puis
il eut l’idée de prendre une partie de cette
substance ainsi obtenue et de la triturer ou de la
diluer une nouvelle fois dans les mêmes proportions.
Par exemple, il versait une goutte de cette première
dilution centésimale dans un deuxième flacon contenant
99 gouttes d’alcool, l’agitait vigoureusement, et
obtenait la deuxième centésimale ou 2CH. Et ainsi de
suite jusqu’à la trentième CH. De nos jours, si la
machine a remplacé la main du maître, la technique
n’a guère changé : on dilue et on agite – on
dit que l’on dynamise.
Aidé
de ses premiers disciples, Hahnemann perfectionna ses méthodes.
Il tenait un journal concernant ses malades, notait tous
les symptômes qu’ils présentaient et les remèdes
prescrits. Constatant qu’aucun patient ne réagissait
vraiment comme un autre, il écrivit : « Il
n’y a pas de maladies, il n’y a que des malades. »
Ce regard particulier de l’homéopathie, l’individ-ualisation
du patient, était né. Il entraînait la nécessité
de l’interroger longuement sur son mode de vie et sa
personnalité. S’il eut des disciples, le médecin
allemand suscita aussi des haines, en particulier dans
le monde médical où certains ne lui pardonnait pas ses
vues alors considérées comme trop originales.
Il
mourut à Paris en 1843, après y avoir fondé la Société
d’homéopathie. De nos jours, partout dans le monde,
son art a enfin acquis droit de cité.
Techniques de
l'homéopathie
L’homéopathie
utilise des substances d’origine minérale, animale ou
végétale.
Les
remèdes d’origine minérale sont fabriqués à partir
d’éléments naturels ou résultant d’une action
chimique. Ainsi,
Cuprum (le cuivre), Sulfur (le soufre), Kali carbonicum
(le carbonate de calcium), mais aussi Calcarea carbonica
(l’écaille d’huître) ou Phosphorus (le phosphore
blanc.
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Les
remèdes d’origine animale utilisent souvent
l’animal entier – ainsi Apis, l’abeille, Formica
rufa, la fourmi rouge, ou Cantharis, la cantharide.
Parfois ils font appel seulement à une partie de son
corps – citons Sepia, l’encre de la seiche ou
Lachesis, le venin du serpent lachésis. En organothérapie,
on utilise certains organes prélevés sur des animaux
sains, à l’abattoir, comme le foie, le poumon, les
os. Ceux-ci seront administrés dilués et dynamisés
mais ne seront prescrit que par le vétérinaire homéopathe,
car l’organothérapie est soumise à des règles
rigoureuses.
Les
remèdes d’origine végétale sont les plus courants.
On utilise parfois la plante entière, parfois les
fleurs, les racines, les feuilles, les fruits ou l’écorce
même ; C’est à partir de la teinture mère que
seront préparées les dilutions.
Les
isothérapiques sont des remèdes fabriqués à partir
de sécrétions prélevées sur le malade lui-même
(salive, urine, pus, calculs urinaires…). Ces sécrétions
seront diluées et dynamisées dans un laboratoire homéopathique
spécialisé et administrées au malade selon des règles
très strictes, le vétérinaire homéopathe restant là
encore seul juges.
Aujourd’hui,
on a élargit l’isothérapie et l’on peut diluer et
dynamiser les allergènes, c’est-à-dire les
substances responsables des allergies. Ainsi donne-t-on
au chien malade des remèdes à base de pollen, de
poussière de maison, de moquette ou de peinture.
Les
produits homéopathiques sont fabriqués dans des
laboratoires modernes selon les processus établis par
Hahnemann. Les substances d’origine minérale sont réduites
puis triturées sous l’action d’un sucre, le
lactose, les substances végétales et animales
transformées en teinture mère.
Les
dilutions et dynamisations successives sont opérées
par des machine selon un processus, là encore,
rigoureusement identique à celui que préconisait
Hahnemann. Actuellement, on compte approximativement
1200 références et le catalogue ne cesse de s’élargir.
L'homéopathie vétérinaire
Très
tôt, Hahnemann avait pensé à appliquer ses théories
aux animaux : « Si les lois de la médecine
que je reconnais et proclame sont réelles, vraies,
seules naturelles, elles devraient trouver leur
application chez les animaux aussi bien que chez
l’homme », écrivait-il en 1796.
Là
encore son vœu a été exaucé, encore que l’homéopathie
vétérinaire soit moins entrée dans les mœurs et ne
fasse pas l’objet d’un enseignement magistral.
L’homéopathie pour les animaux fait généralement
appel aux mêmes remèdes que celle pour les humains.
Comme cette dernière, elle exige, avant de poser un
diagnostic, de bien connaître la personnalité du
malade. En l’occurrence, le chien ne pourra répondre
à l’interrogatoire nécessaire, mais son maître,
lui, apportera les précisions indispensables.
Deux
chiens ne se ressemblent jamais. Non seulement il y a de
grandes différences entre les races, mais à l’intérieur
de celles-ci, voire à l’intérieur d’une même portée,
chaque individu réagit de manière spécifique. Les
traitements prescrits doivent donc être individualisés.
Les
constitutions
En
médecine humaine, on a admis la typologie de Dr
Vannier, qui distingue trois grands types
morphologiques. Dans le domaine vétérinaire, nous
sommes quelques uns à avoir utilisé cette
classification.
On
distingue trois grands types d’animaux :
Les
carboniques :
Ils sont solides, bien droits sur leurs pattes, et
marchent sobrement, comme conscients de l’effort
qu’ils fournissent. Les Bouviers, les Léonberg, les
Terre-Neuve ensont les meilleurs représentants. Face à
la maladie, ils se défendent bien, mais en
vieillissant, ils ne prennent pas assez d’exercice et
se trouvent ainsi prédisposés à l’arthrose.
Leur gourmandise les conduit à l’obésité et à
toues les maladies qu’on peut attribuer à une
alimentation mal équilibrée : diabète, urée,
hypertension. Le foie souffre et élimine mal les
toxines, les eczémas de toutes sortes s’installent.
Un carbonique, pour vivre mieux, doit donc prendre
beaucoup d’exercice et recevoir une alimentation saine
et peu encombrante.
Les phosphoriques :
Ils sont élancés, minces, élégants, hyper sensibles.
Qui ne reconnaît là les Lévriers, les Dobermans, les
Colleys ?
Ils réagissent mal à la maladie. Atteints de diarrhées,
ils se déshydrayent. Au moindre courant d’air, ils
répondent par une bronchite.Ces animaux ont besoin
d’espace, de lumière, de grand air. Ils doivent bouger,
courir, et recevoir une alimentation riche en sels
minéraux.
Les
fluoriques :
Ils promènent un squelette dissymétrique tenu par des
ligaments en caoutchouc. Ainsi leur attitude
semble-t-elle déséquilibrée et leur mouvement
maladroits. Les Pékinois, les Teckels et les Bulls, et
toutes les races naines aux dents mal implantées, aux
ligaments si fragiles, aux ongles cassants, en sont les
représentants. Ces animaux sont très fragiles et
doivent souvent recevoir des apports en vitamines et en
oligo-éléments. Tout apport médicamenteux peut être
dangereux. Notre rôle est de les aider à bien
vieillir, car leur cœur est fragile.
Bien
entendu, ces caractères n’ont rien de rigide et
souffrent des exceptions. De plus, tous les chiens
« sans race » que nous aimons peuvent être
carboniques, un peu fluorique, avec un soupçon de
phosphorique…
Ce
qui importe, c’est de bien définir la morphologie de
l’animal, son tempérament, de découvrir ses besoins
et ainsi, de l’aider à mieux se défendre. Nous
retrouvons là la parole d’Hippocrate : « Il
importe de savoir vers quelle maladie tend chaque
disposition. " |