
Dans
son déplacement du champ utilitaire vers le décoratif,
le chien conserve son collier. Les fins premières de
cet accessoire - retenir l'animal, le protéger et
l'identifier - déterminent sa structure et son décor.
Afin
d'éviter que le chien ne se blesse, on emploie un
matériau résistant mais souple, lanière de cuir ou
d'étoffe. L'élasticité de cette bande permet l'usage
de la boucle à ardillon dont l'existence est attestée
dès l'époque mérovingienne. A l'inverse on tend à
raidir ce bandeau pour protéger le cou du chien contre
les morsures ou les risques d'étranglement. Dès
l'Antiquité, on l'arme aussi de pièces de métal
plaques, clous ou pointes qui connaissent une grande
postérité ornementale. Parfois c'est une gaine
métallique rigide qui assure le rôle de protection.
La
frontière entre l'animal civilisé et le chien errant
étant indécis, le collier permet d'affirmer le statut
domestique de son porteur. Les éléments
d'identification du maître participent fréquemment au
décor. Certains colliers n'ont qu'un vocation
ornemental.
Des
précieuses parures d'étoffe brodées de fils d'or ou
d'argent qui à la renaissance ornaient les animaux des
puissants princes Médicis ou Visonti, à l'extravangente
armure empanachée du chien de l'empereur Charles Quint,
au lourd manteau de crin qui, au début du XVII siècle,
protégeait l'un des molosses des princes de
Saxe-Cobourg.
De
somptueux colliers de cuir et de bronze, mais également
d'or ou d'argent, attestent du raffinement et de la
prodigalité des maîtres de différentes époques tel
que ce nabab de Junagadh qui n'hésite pas à faire
promener sa chienne dans un palanquin d'argent et
convie
50 000 hôtes à son mariage avec un golden retriever de
bonne famille. Ils permettent d'évoquer le destin de
chiens hors du commun, qu'il s'agisse de Gunner, seul
rescapé d'une expédition scientifique en Antarctique,
ou de Fullerton, champion toute catégorie de la
Waterloo Cup, qui repose, embaumé, au British Museum.
Ce
sont désormais des objets très recherchés par les
collectionneurs. Les inventaires attestent très
anciennement l'existence de parures d'or ou d'argent.
Oeuvres de bijoutiers ou d'orfèvres, ces objets ont
rarement été conservés, les matériaux qui les
composent étant réutilisés.

Armature destinées au lévrier du roi d'Espagne -
début du 17ème siècle
Quelques
colliers contemporains
Textes fournis par le musée
et Monsieur DEON, attaché de presse