Notre chienne a peur de tout et cela s'aggrave !


Question : Notre chienne a peur de tout et cela s'aggrave !

Présentation
Diva, jeune femelle dogue argentin de 9 mois a peur de tout. La ville, ses mouvements, l'approche ou les contacts avec les humains, tout semble l'inquiéter, voire la paniquer. Même les principes mal nommés, dits « de socialisation » consistant à confronter diva tous les jours aux humains, au train, aux escaliers roulants n'ont rien amélioré... au contraire, cela s'aggrave ! Et si l'on s'approchait un peu de son monde émotionnel pour la soulager et faire évoluer ses capacités adaptatives ?

Bonjour,

Diva, notre jeune femelle dogue argentin de 9 mois a peur de tout depuis son arrivée chez nous.

Pourtant nous l'avons traitée comme notre mâle (d’environ 6 ans), sauf qu’avec elle j'ai été plus prompte à mettre en place de suite, des règles strictes d'éducation: pas question de venir dans certaines pièces (cuisine, salon, chambre), attribution d'un panier dans lequel nous l'envoyons régulièrement, un NON ferme dès qu'elle cherchait à faire une bêtise, etc. Mais le problème est qu'elle a peur en ville, elle craint beaucoup les humains.

Sur les conseils de l'assistante de mon vétérinaire, qui connaît bien l'éducation canine, je la promène tous les jours dans un parc pour qu'elle rencontre du monde, je lui ai également fait prendre le train, les escaliers roulants, mais rien n'y fait. J'ai même l'impression que cela s'aggrave au fil du temps. Peut-être auriez-vous une piste ? Catherine

Bonjour,

Il y a plus d'une piste à prendre pour faire évoluer une situation telle que celle dont vous me faites part au sujet de Diva. Mais il y a par contre un angle principal à prendre devant la ou les peurs que l'on voit apparaître chez un chiot (ou même chez un chien adulte d'ailleurs) et c'est celui du monde émotionnel qui lui est individuel.

Et sur base de cette orientation prise, considérons donc que les peurs de votre jeune chienne sont légitimes pour elle. Ce qui l'entoure dans certains contextes (l'inconnu, l'agitation, l'approche de personnes ou de congénères, etc.) dépasse sa capacité à gérer toutes les manifestations sensorielles qu'elle capte autour d'elle et par conséquent à conserver un équilibre intérieur satisfaisant.

C'est ce constat que vous faites quand vous voyez qu'elle « a peur de tout », et qu'elle cherche probablement à se soustraire à ce qu'elle vit difficilement. Prenons alors une première piste qui est celle du milieu d'élevage dans lequel elle a grandi (souvent en dehors des villes) pour observer peut-être que le niveau de stimulations dans ce milieu ne lui a pas permis de se construire une tolérance sensorielle en rapport avec le milieu urbain... qui est aujourd'hui le sien.

On peut ainsi entrevoir le véritable cataclysme sensoriel et l'impact que cela peut avoir sur son monde émotionnel. Si l’on ajoute les conseils inappropriés de ne pas sortir ce chiot avant la date de sa dernière vaccination (environ 3 mois), et voilà alors un petit être issu d'un monde d'élevage pour lequel il a développé des capacités spécifiques, plongé dans un univers nouveau et auquel il devrait obligatoirement s'adapter sans avoir pu y être confronté pendant plusieurs mois.

Ceci est un schéma assez courant et dont il faut s'inspirer pour comprendre ce que peut vivre votre chienne alors qu'elle a neuf mois maintenant : la construction chez elle d'un niveau de tolérance aux stimulations du milieu d'élevage en-deçà du milieu de vie actuel. Elle est donc presque perpétuellement submergée par ce nouveau milieu (sauf certainement à l'intérieur). Et justement les conseils que vous avez reçus sont ceux de la confronter plus souvent et a des stimulations plus fortes afin qu'elle s'y habitue.

A chaque confrontation, c'est son seuil de tolérance qui est dépassé et au lieu de l'aider à trouver et à faire progresser ce seuil, elle apprend vraisemblablement à ne vivre cet environnement qu'au travers de la peur.

De plus, en l'obligeant de cette manière, vous lui faites perdre un lien de confiance avec vous , lien sécurisant qui lui serait pourtant d'un grand secours puisqu'il est indispensable pour apprendre (voilà la seconde piste).

Faire progresser/évoluer votre situation avec Diva appelle d'habiles ajustements qui accorderont la priorité au développement d’un lien sécurisant avec elle (et non un lien « interdisant » comme celui de l'éducation canine mis en place jusqu'ici) et que vous transporterez avec vous à l'extérieur, tout en respectant ses capacités individuelles à trouver progressivement un équilibre émotionnel face au monde urbain.

Pour cela, je vous conseille d'arrêter de placer Diva dans des situations qu'elle ne peut supporter, et de vous tourner rapidement vers votre Caniconsultant(e) régional(e) qui pourra vous aider à prendre un axe plutôt réparateur (voir annuaire : http://www.operrha.com/caniconsultantes/4.html 

Michel Quertainmont – Caniconsultant
Étude, conseil et médiation des cohabitations Homme/Chien
Site : http://www.caniconsultant-vivreavecmonchien.fr
Formation de professionnels : http://www.operrha.com