Trois ans d'obéissance, mais notre chien est toujours infernal avec nous !


Question : Trois ans d'obéissance, mais notre chien est toujours infernal avec nous !

Présentation
Dany est « difficile » depuis son arrivée chez ses propriétaires il y a 3 ans. A force d'assiduité aux cours d'éducation depuis qu'il a 3mois, ce teckel mâle est devenu plutôt obéissant, tout comme en promenade d'ailleurs. Mais ses propriétaires n'en peuvent plus de sa réactivité aboyeuse, et que dire des morsures qu'ils ont subies, eux-mêmes... ou leurs visiteurs !

Bonjour,

Nous avons un teckel qui vient d'avoir 3 ans.  Je fais des cours d'éducation depuis qu'il a 3 mois et demi mais Dany a toujours été difficile, pratiquement depuis le début. 

Vers un an, j'ai également consulté le vétérinaire qui l'a placé sous Prozac (je viens d'arrêter le mois dernier.

Il obéit mieux avec tout cela, aux cours de dressage  et surtout en promenade, mais à la maison il est infernal... avec nous (il m'a mordu plusieurs fois et mon mari aussi), avec les invités (qu'il peut mordre également), et est très aboyeur sur tout ce qui  bouge autour (nous habitons un pavillon en banlieue parisienne). 

Si nous voulons l'empêcher de faire ce qu'il a décidé, il devient vite menaçant ou nous attaque.  Comment faire, vous êtes notre dernier recours et nous ne voulons pas nous séparer de notre chien.

 Eliane de Voisin-le-Bretonneux

Bonjour,

Il semble bien que votre petit teckel était déjà un individu à la sensibilité exacerbée dès son plus jeune âge. Quand on observe une telle réactivité, au seuil de déclenchement relativement vite atteint, chez un chiot...il y aurait en priorité, et avant de vouloir le confronter abruptement aux stimulations de notre monde humain pour qu'il s'y habitue (ce que l'on réduit sous le vocable « socialisation » dans l'approche éducative), à s'interroger d'abord sur ses capacités à trouver facilement de l'adaptation au monde qui l'entoure.

Ce seuil de tolérance, facile ou moins facile, trouve son origine dans le développement individuel de chaque chiot, chaque chien.

A commencer par le milieu d'élevage dans lequel le chiot aura pu vivre, ou non, une variété de stimulations qui permettent à ce seuil de s'élever à un niveau plus ou moins équivalent avec celui du milieu humain dans lequel il va devoir aller vivre quand il aura deux mois.

Plus le milieu d'élevage aura manqué ce travail progressif et ajusté, plus le seuil de la réactivité sera bas et donc... moins le chiot/chien trouvera de l'adaptation facilement.

Comprenez donc que Dany, à son arrivée chez vous, était en prise avec ses propres émotions de se trouver propulsé dans un monde nouveau et donc (déjà trop?) stimulant pour ses capacités adaptatives.

Si, comme beaucoup de nouveaux acquéreurs/adoptants, non-informés ou mal informés et motivés par l'irrésistible envie d'interagir avec votre petit teckel, vous vous êtes laissés aller à des caresses/câlins, jeux mais aussi aux réprimandes ou aux divers empêchements par des captures, des « non » fermement déployés, voire des rudoiements...

Vous avez pris, sans le savoir vraiment, la voie de la dégradation de la communication et de la surcharge en stimulations. Celle qui fait émerger, maintenir et augmenter les difficultés d'adaptation.

Pourtant, la voie de la tranquillisation de votre chiot à l'époque aurait été possible si une organisation choisie de vos rapports avec Dany au quotidien vous avait été enseignée par votre Caniconsultant(e) régional(e).

Ce modèle relationnel spécifique lui aurait permis d'être progressivement moins « débordé » et de trouver un peu de sécurisation près de vous pour pouvoir affronter la vie des Hommes.

Aujourd'hui, trois ans plus tard, la situation que vous vivez avec votre chien n'est que la conséquence de ce déroulement malheureux et difficile. Il est un individu sensible (ses conditions d'élevage avec diverses carences en matière de stimulations) et de plus, sensibilisé (ses conditions de vie avec un modèle relationnel ne favorisant pas l'adaptation), que l'on a forcé à se plier aux conditionnements de l'éducation/obéissance (il obéit mieux aux cours et en promenade dites-vous).

Il en est arrivé là avec vous, et vous en êtes là avec lui : il répond aux pressions du conditionnement (il obéit dans certaines circonstances), mais n'a pas pu se construire un monde de références sécurisées et apaisantes dans ses rapports avec vous (à la maison il est infernal).

Il est tout à votre honneur de chercher encore à mieux faire, et il n'est pas trop tard pour vous aider à organiser un modèle interactionnel qui vous soulagerait beaucoup (ainsi que Dany) de la cohabitation impossible d'aujourd'hui. Si toutefois il vous reste encore de quoi accorder l'indispensable temps au travail de progression spécifique et précis que votre Caniconsultant(e) régional(e) vous aidera à mettre en place. (Annuaire des Caniconsultant(e)s : http://www.operrha.com/caniconsultantes/4.html )

Michel Quertainmont – Caniconsultant
Étude, conseil et médiation des cohabitations Homme/Chien
Site : http://www.caniconsultant-vivreavecmonchien.fr
Formation de professionnels : http://www.operrha.com